Le vieux temple
Le son des cloches, évanoui
Tissé dans les toiles d'araignées des colonnes fendues
Fondu dans tant de cernes
Sans mémoire, les pierres
Dans la vallée brumeuse, renvoyant leurs échos
De pierres, sans mémoire
Quand les chemins ont serpenté ici
Dragons et oiseaux sacrés s'en sont allés
Emportant avec eux les clochettes muettes des auvents
Les herbes folles reviennent, chaque année
Poussant, si indifférentes
Ne sachant devant qui elles plient
Sandale de moine ou vent
Une stèle brisée, inscription effacée
Comme si seul un grand feu
Pouvait la faire revenir, ou peut être
Sous le regard d'un adepte
La tortue, dans la boue, renaîtrait
Et, chargée d'un lourd secret, se trainerait hors du seuil.
Bei Dao, né en 1949
Touvé sur le blog de la poésie chinoise de François Charton