Après Soldats de sable (sélection officielle Angoulême en 2012, Sélection Prix de l’ACBD 2012), dont les histoires se déroulaient principalement pendant la guerre du Pacifique, Susumu Higa s’attaque avec Mabui à la question des bases militaires américaines installées à Okinawa, un problème malheureusement toujours d’actualité. En effet, 75% des bases américaines installées au Japon se trouvent à Okinawa et occupent 20% des terres de l'île principale. Il y a d'ailleurs régulièrement des manifestations d'habitants pour réclamer le retrait des troupes américaines de l'Archipel (par exemple en 2009, 2010, 2012).
Si la cohabitation est difficile, elle n'est toutefois pas impossible voire même enrichissante. C'est ce qu'Higa, originaire d'Okinawa, veut démontrer en mettant en scène plusieurs personnages dans différentes histoires. Si le fil rouge du recueil est le mabui, l'âme en dialecte local, chaque personnage est différent et en lien plus ou moins proche avec les bases américaines. On suit donc plusieurs types de personnages : des paysans, une jeune fille qui revient sur l'archipel, une jeune femme travaillant sur une base américaine, etc. Tous ces personnages sont autant de points de vue pour aborder la question de l'occupation des terres.
Higa ne prend pas parti, il raconte et montre tous les aspects négatifs mais aussi positifs de la cohabitation. Les personnages sont touchants et certaines histoires poignantes. Ce manga est donc une petite pépite qui permet de découvrir Okinawa par un autre aspect que le tourisme.