Voilà bien longtemps que je n'ai pas chroniqué des manga sur ce blog ! Pourtant j'en lis régulièrement... Petite séance de rattrapage avec 4 critiques d'un coup !
Tokyoland : les aventures d'un français au Japon de Benjamin Reiss (12 bis)
Cette bande dessinée en noir, blanc et vert-gris (oui, il y a des couleurs comme ça) est racontée sous forme de flash-back. Le héros en 2046 se souvient de son séjour à Tokyo et nous narre ses "aventures". Je mets des guillemets car en guise d'aventure, ce sont plutôt ses recherches d'appartement et de travail qui sont rapportées. Le narrateur évolue dans le monde des expatriés français du Japon et il ne faut donc pas compter sur ce livre pour en apprendre beaucoup sur la vie du japonais moyen. Si on ajoute à cela un dessin classique avec des personnages aux traits caricaturaux, on ne trouve pas beaucoup de raisons d'ouvrir ce livre hormis quelques courtes pages évoquant le travail chez des mangaka.
Chuc Suc Khoe : carnet d'Asie de Benoît Guillaume (Cambourakis)
Ce livre oscille entre BD et carnet de voyage, dont il a d'ailleurs la forme (format à l'italienne). En guise d'Asie, il faudra se contenter du Vietnam, Cambodge (enfin Siem Reap et Angkor) et du Laos. L'auteur accompagné de sa compagne part en routard ce qui lui permet d'aller loin des entiers battus et de pouvoir rencontrer et échanger plus facilement avec les populations. Côté textes, le livre est un mélange d'observations (paysages, flore...), de discussions avec les autochtones ou d'autres étrangers, d'émotions et on le termine avec le même sentiment que l'auteur (on en sait plus mais pas vraiment assez). Côté illustrations, il y a alternance entre les pleines pages contemplatives représentant des paysages ou scènes de rue ou d'intérieur et des pages de BD où l'action et le voyage avance. Je ne peux pas dire que le dessin m'ait beaucoup plus car c'était soit trop chargé soit trop brouillon (pas un trait droit, pas un visage vraiment reconnaissable) mais ce type d'image convient assez au livre (en voir ici).
Formose de Li-Chin Lin (Ca et là)
L'auteur taïwanaise raconte son enfance et son adolescence sur l'île. De sa prime jeunesse où elle croyait tout ce qu'on lui enseignait et voulait parler mandarin parfaitement, à la rebellion devenue jeune adulte, on suit son parcours en détails. Mais ce n'est pas ce qui m'a intéressé le plus, car celui-ci n'est pas très original (beaucoup d'enfants sont conformistes et s'éveillent à la réalité du monde à l'adolescence). C'est le côté informatif sur la vie et les populations de Taïwan qui m'a le plus plu. Pour qui ne connaît pas l'histoire du pays, le manga fait en effet office d'introduction car le livre est très bavard. C'est d'ailleurs aussi son principal défaut. La voix de la narratrice est toujours présente et les dessins (en noir et blanc) sont parfois (souvent) inutiles par rapport à ses propos. Ils ont donc peu de force et s'oublient rapidement, dommage ! Interview de l'auteure là.
Hokusai de Shôtarô Ishi no Mori (Kana)
Un manga assez ancien, dans un style de dessin certes un peu dépassé, enfin édité chez Kana. Il conte la vie du célèbre peintre d'estampes Katsushika Hokusai à qui on doit d'ailleurs l'utilisation massive du mot "manga". Gros point fort du livre : la vie du peintre n'est pas décrite de façon linéaire mais par une habile série d'allers-retours dans le temps. En réalité, l'auteur s'attarde peu sur l'oeuvre du peintre mais tente de décrire ses réflexions à propos du dessin et sa quête pour devenir un "vrai" artiste. On n'apprend donc peu de choses hormis qu'il démenageait et changeait de nom souvent, peignait avec frénésie (et voyageait pour cela), couchait avec toutes les femmes qu'il pouvait (scènes explicites dans le livre) ; on ne sait pas grand chose de sa vie familiale sauf sur son premier mariage (il n'est pas clairement dit pourquoi sa fille vit avec lui à la fin de sa vie et avec qui il l'a eu, on ne parle pas non plus de ses relations avec ses disciples). Bref, c'est un peu dommage (là encore) car pour qui ne connait pas les oeuvres de cet immense artiste, l'ouvrage paraîtra sans doute peu compréhensible, et pour qui les connaît, on referme le manga sans en savoir vraiment plus.